Modimus à la recherche de la Domotique Magique, Prélude

Mliuej. Étonnante cité que celle de la bière. Une ville qui tourne autour de l'un des axes moteurs de la vie en Terre de Fangh. Certains disent qu'elle a un jour bénéficié de la bénédiction de Picrate, invitée par les premiers habitants à venir goûter leur boisson. Le bourg avait connu bien des rebondissements, les plus récents étant des attaques de la part de Gzor, maître du chaos, dont l'apparence est connu de tous pour un être hideux et tentaculaire, immortel, sauf sous l'effet de l'hilarité. Autant dire que ce n'était pas gagné …

Quoiqu'il en soit, un bel après-midi se profilait à mliuej, et le Tabouret à l'Envers, auberge à fréquentation douteuse, se donnait à cœur joie dans l'une des activités les plus florissantes : le grabuge. Une véritable baston se déroulait dans la taverne. Ils flottaient dans l'air un parfum de marrons, châtaignes, et autres spécialités locales que chaque participant se faisait un soin d'apporter à la cérémonie. Dans les airs virevoltaient chaises, tabourets, et même un nain, dont une botte lui manquait, la gueule beuglante à l'idée de tomber sur un barbare chauve, ayant visiblement un sang ogre, au vu de sa masse musculaire. Mais heureusement, ce dernier, point serré, visait un pauvre malandrin qui visitait la ville pour la 1ère fois. Pour sûr qu'il devait s'en faire une idée très précise de la ville désormais. Celui-ci, l'air effrayé et pissant dans ses chausses, n'avait pas remarqué l'assiette qui se brisa juste à côté de lui. À l'autre bout de la pièce, un demi-orc baragouina une insulte, peu fier de sa performance. Ce dernier avait encore une mai ferme sur une fourchette en argent, dont les deux doigts étaient plantés avec rage dans la tête d'un sanglier rôti, dont le dernier repas -une pomme- était à portée de museau. La table commençait à se renverser, les chopines se décalant doucement mais indubitablement vers le bord, car un halfelin souhaitait se protéger d'un humain colossal, qui se servait d'un hobbit pour frapper sur ses compagnons de lutte, alors qu'un elfe noir lui éclatait un tabouret sur son omoplate avec vigueur. Non loin de là, un autre homme vit son frère se faire lâchement attaquer par derrière, et mit toute sa force pour soulever au dessus de lui un banc énorme, et s'apprêtait à le jeter sur le fourbe quand un autre homme, plus âgé mais tout aussi baraqué, l'en empêcha. Ce n'était autre que Rufus Carps, dit le «Molosse», gérant âgé de 42 ans, dont le corps était couvert de tatouage. Ce dernier était occupé à séparer deux nains d'une bagarre féroce, mais ces derniers étant libre de toute intrusion dans leur affrontement, y retournèrent avec entrain L'un d'eux, de barbe blonde comme la paille, sauta sauvagement sur le second, torse nu, et le tacla au niveau de la ceinture avec acharnement. Ils se soulevèrent tous les deux du sol, devant l'air dépité d'un semi-homme plutôt gras, Branlin Mouboc que l'on surnommait du doux nom de «Morfal», qui se rendit compte qu'il ne pourrait finir son repas, malgré la hâte qu'il avait utilisé jusqu'à présent.

C'est dans cette ambiance épique que la porte de la gargotte s'ouvrit dans un fracas énorme, et se rompit sous l'action violente. Un pied vêtu de bottes de cuir renforcées resta suspendu en l'air un moment, avant de se poser calmement sur le palier, soulevant quelques bribes de poussière. L'étranger entra, un pas après l'autre, avec une certaine posture propre à sa condition. Son équipement de métal lourd et grossier fit un vacarme qui interrompit chacun dans son action, à part ceux qui finissaient leur compte avec les lois de la gravité, généralement suivi d'injures en tout genre et en toutes langues. Le nain s'avança, traversa la salle jusqu'au comptoir, alors que son déplacement était suivi de tous les regards, et que déjà certain truands s'arrêtaient de se battre pour se tourner vers l'impromptu représentant des montagnes, qui posa ses deux armes sur une table : une hache et un marteau, avant de s'écrier d'une voix sombre et forte :

Vous avez cinq minutes pour arrêter ce tapage avant que la garde ne rapplique ! Il fit craquer les doigts de ses mains vigoureuses l'une contre l'autre. Ce qui me laisse un peu de temps pour en profiter un peu.

Et dans un éclat assourdissant, la bagarre reprit de plus belle. Le barbu, n'ayant pas encore consommé, fit un nombre impressionnant de victimes, ne retint pas ses coups et en mit plusieurs dans les vapes, malgré le délai très court qu'on lui avait accordé. En quelques instants, de nombreux soldats humains entrèrent avec désordre dans l'auberge et se mêlèrent aux participants, les calmèrent, et en mirent la majorité sous la menace d'armes réelles, ce qui calma le jeu à une vitesse impressionnante. La plupart furent priés de sortir, et rares arrêtés pour manquement à l'ordre de rétablir l'ordre. Une fois ce fait accompli, notre nain reposait entre deux chaises renversées, la gueule ensanglantée, mais le sourire aux lèvres. Un homme marchait encore dans les décombres, en prenant son temps, et avec soin de ne pas salir sa longue robe d'un mauve soyeux, dissimulée à moitié par une longue cape d'un vert ternis. Des épaulettes en cuir des mêmes couleurs, comportant quelques ouvrages stylistiques, allaient de pair avec le panache à peine visible. Tandis qu'une fine barbe lui donnait un air sage, des cheveux semi-longs relevés en arrière, une mèche pendant sur son front, indiquait sans doute une vertu naturelle à la jeunesse de l'esprit. Le regard profondément noir sur le nain se mêla avec le sourire narquois et calculateur, bien que l'allure globale du personnage dégageait une chaleur et une joie de vivre non négligeable.

Arrivé à hauteur du représentant des montagnes, ce dernier émit un soupir.

Honnêtement, Seigneur Courbenclume, était-ce bien la peine ? Vous donnez une mauvaise image en tant que Seigneur de la cité …

Un simple grognement de Modimus se fit entendre, alors qu'il se relevait avec peine, et alla éreintement chercher ses armes, avant de les replacer à sa ceinture.

Quand comprendrez-vous la place qui vous sied ? énonça Mazus, en le retenant de l'épaule, l'air sérieux.

Et quand obtiendrez-vous donc les réponses que je cherche !! … cria Modimus, brisant d'un large geste de l'épaule le lien, avant de suivre les badauds qui se dirigeaient au dehors.

Le conseiller resta pantois. Son travail n'était pas de tout repos. Ce n'était pas le 1er seigneur qu'il servait, ni le dernier. Mais au moins ce nain était-il d'un alignement plutôt honorable. Son plus grand problème restait sa soif d'aventure et d'informations sur son arrivée en Terre de Fangh. Depuis qu'Elenya Inglorion avait disparu de sa circulation juste après sa nomination en tant que Vice-Seigneur de la ville, il se faisait beaucoup de soucis, et cherchait à se changer les idées.

~ Je n'ai pas été habitué à devenir un Seigneur par la parole et la démocratie. Je n'ai pas fait mes preuves, et j'ai l'impression que les citoyens s'en fichent … ~

Parmi les ivrognes et les bagarreurs, Modimus aperçoit un guerrier mieux vêtu que les autres. Revêtu d’une cape noire, d’une armure de cuir sombre, il transporte dans son dos une large épée à lame en dents de scie. S'approchant de lui avec curiosité, ce dernier s'agenouille en prononçant une parole de respect au Seigneur local, suite à quoi il se relève. Il a une missive à lui transmettre de toute urgence, mais ceci doit se passer dans un endroit plus … adéquat. De nature méfiante, le nain n'arrive cependant pas à cerner le personnage, qui semble être de confiance. Il le suit dans une ruelle adjacente, ayant oublié de se demander quelle était le motif de la bagarre précédente.

Je me nomme Suajek, membre du CPPRM, le Conseil de Protection et Prévention des Risques Magiques du gouvernement de Waldorg.

Étrange, je n'en ais jamais entendu parler.

C'est plutôt normal, étant donné que nous sommes très peu implanté à l'Ouest de la Terre de Fangh. Savez-vous ce qu'est la Domotique Magique, Monseigneur?

La Domotique Magique ?

La Domotique Magique, ou Faineantus Magicae, est l’invention la plus connue du célèbre mage Psaltérion en Terre de Fangh. Il s’agit d’un concept magique permettant d’enchanter un objet, comme par exemple une plante, des vêtements, des habitations pour s’adapter automatiquement aux besoins de son propriétaire. Ainsi, les biens et équipements ayant subi un traitement Faineantus Magicae sont non seulement auto-suffisants, mais changent aussitôt de forme ou d’utilité sur la simple pensée de celui qui leur commande.

Sérieusement ? On peut faire ça? interrompit Modimus, apparemment assez excité, avant de le laisser poursuivre.

De nos jours, la Domotique Magique fait partie du quotidien des « magic-users », etson procédé est entièrement sécurisé et encadré par un ensemble de règles incontournables pour éviter une malencontreuse erreur de manipulation. Cependant, il n’en a pas toujours été ainsi...
À ses débuts, la Faineantus Magicae échappait souvent au contrôle de son propriétaire, et pouvait causer quelques ennuis mineurs comme une altération de l’univers, ou une modification du cours de l’espace-temps.

Plutôt embêtant, en effet ...

Selon les rumeurs, Psaltérion aurait lui-même fait les frais des conséquences de sa propre invention, en disparaissant purement et simplement de notre plan d’existence, sans laisser aucune trace. Il existe des personnes aux intentions peu louables à travers le monde, qui nourrissent l’ambition de s’emparer de cenpouvoir pour réaliser leurs objectifs les plus inavouables, et il est de notre ressort de prévenir d'une telle menace.

''Notre'' ressort?

Beaucoup de mondes sont au courant des exploits : la défaite d'un nécromancien, le sauvetage d'une mine naine, même si cette élection vous a restreint dans votre lancée ...

Mais pourquoi moi ? Il y a bien d'autres aventuriers ...

Selon nos sources, le seul à posséder des informations sur la Domotique Magique est l'actuel propriétaire du Donjon de Naheulbeuk. Depuis sa prise de contrôle par la Caisse des Donjons, vous en êtes l'un des rares survivants ...

Je n'étais pas tout seul à l'époque.

Vous y aviez été en infiltration, et en êtes sorti en démolissant un mur !

Vous savez, nous autres, les nains ...

Considérez bien cela, Seigneur Modimus : vous êtes un aventurier, et vous avez déjà connaissance du terrain. Vous êtes notre homme. Ou notre nain, devrais-je dire ... conclu Suajek avant de laisser le barbu à sa décision, après une n-ième salutation honorifique.

Modimus s'en retourna vers la taverne, pensif. Observant son conseiller en train de discuter avec un garde, il fit demi-tour. Sa décision était prise. C'était là une occasion unique de se refaire les idées. Modimus partait à la recherche du Domotique Magique.

La suite, c'est par ici.

» A la Recherche de la Domotique Magique, par Modimus, Partie 1
» Et profitons-en pour saccager [Aventure Modimus Domotique Magique Partie 1]
» Minas T'irrite - À la Recherche de la Domotique Magie (partie 2)
» Préparation de Modimus
» Modimus Courbenclume