[Chasse], baignade, rêves...

La marche avait été longue, et silencieuse, aucune rencontre dangereuse, aucun combat, l’ennui dans son plus simple appareil. Pensant bien qu’il allait abandonner, Elrohir ne regardait plus que le sol en marchant, tenant au bout de ses doigts la main fragile de la gamine, seule chose qui l’avait aidé à renoncer à son idée de faire demi-tour. Pendant ces longues minutes relativement pénibles, l’elfe se demanda ce qu’il cherchait au final, avait-il un but ?

La seule raison qu’il se trouvait pour aller dans les bois était de passer le temps, combler l’ennui, jusqu’à trouver une famille d’accueil pour Lucy, mais après, que lui arriverait-il ? Il aurait aimé retrouvé une mission comme il avait fait il y à déjà un moment, et se faire de nouveaux amis. Tiens, qu’était-il advenu du hobbit et des autres ? Cela pourrait être intéressant de tenter de recroiser leur route, mais se souviendraient-ils de l’elfe ?

Peut être, peut être pas, il faut déjà s’occuper de la gamine, une chose après l’autre.

Sorti de sa demi somnolence par quelque chose qui lui tirait le bras, Elrohir leva soudainement la tête et poussa un long soupir de satisfaction à la vue des premiers arbres du bois de N’talamela. Quelques minutes encore et ils seraient tranquillement posés à la fraîcheur de l’ombre des arbres, confortablement installées sur la mousse des bois. Encore des pas, et le calme fut atteint, une petite sieste s’imposa, il fallait profiter de la fraîcheur de l’air ambiant.

Un court sommeil sans rêves, rien ne vint troubler leur repos.

Une fois requinqué par cette petite pause, l’elfe, après s’être réveillé, décida de se baigner dans la rivière, « c’est si bon d’offrir son corps à la nature ». Se guidant à l’ouïe, il ne tarda à dénicher une source. Il reposa alors le corps encore endormi de la petite fille contre un arbre, ôta et plia soigneusement ses vêtements, puis, les ayant déposés sur un rocher à proximité, il plongea dans le liquide transparent de clarté. La fraîcheur de l’eau lui fit le plus grand bien, revigorant tous ses sens et effaçant sa fatigue, son ennui.

Plongeant pour la douzième fois la tête dans l’eau, il sentit quelque chose lui frôler la jambe, et par réflexe de défense, il attrapa ce qu’il découvrit être une main, une petite main, une main de petite fille. Sortant complètement la tête de l’eau, Elrohir fut surpris par le manque de pudeur de la gamine, qui se trouvait devant lui, nue, tentant tant bien que mal de rester à la surface de l’eau. Lui-même avait ses raisons de ne pas avoir de propre pudeur, mais sur le coup, il ne comprit pas comment un être aussi jeune pouvait en manquer.

« Ben qu’est-ce qu’y a, t’en fait une drôle de tête ? »

Un ton naturel, une petite voix sympathisante, des yeux joueurs et un petit air interrogateur, rien ne semblait déplaire à cette jeune fille, inutile donc de s’heurter sur des problèmes qui n’ont pas lieu d’être. Rares étaient les enfants munis d’une telle mentalité, mais c’était une chance pour celle-ci.

« Oh, rien, j’étais ailleurs. »

Partant d’un petit rire moqueur, Lucy observait attentivement le visage de l’elfe. La suite de la baignade se termina en une bataille d’eau, et de course à la nage. C’est seulement lorsque la fatigue les toucha qu’ils décidèrent bon de sortir de l’eau. Pointant un grand rocher plat du doigt, la petite fille invita Elrohir à se coucher près d’elle, avec les rayons du soleil et la chaleur même de la pierre, ils ne mettraient bien longtemps à sécher.

Un sommeil, non du à la fatigue, les gagna, comme si l’atmosphère actuelle voulait les pousser dans les profondeurs des songes. Un oiseau vola, mais plus personne n’était là pour l’écouter, seulement pour l’entendre, de loin, de très loin. Dans le silence de la terre, et le doux chant de l’eau, un faible courant d’air les aida à voler jusqu’au monde des rêves, mais aussi des cauchemars.

« Tu ne peux pas la garder avec toi... tu dois la laisser... tu dois t’en débarrasser... et vite !... tue-la... tue-la... oui... tue-la !... C’est le seul moyen... tu dois... tue-la... débarrasses-t-en ! »

L’elfe ouvrit les yeux, non, non, il ne se réveillait pas, le paysage qui l’entourait n’avait rien de joyeux et de rassurant, il se trouvait... dans le noir.

« Il y a quelqu’un ? »

Un long silence, de plusieurs secondes, minutes peut être, mais aucune réponse ne lui revint, aucun son ne se fit entendre, aucun signe de vie, rien, rien du tout. Elrohir se rendit compte qu’il était assis, en position fœtale, mais assis, sur quoi ? Ouvrant et fermant les yeux, le noir ne changea pas de figure, et l’elfe se risqua à tendre une main en avant.

Un contact, du bois, il y avait quelque chose devant lui, qu’était-ce ? Plaquant maintenant sa main contre un façade de bois, il poussa, de toutes ces forces. Une lumière l’aveugla, et il s’écroula sur le sol.

*Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ?!*

Se redressant, il épousseta sa tunique, se rendant alors compte qu’il n’avait pas son équipement. Jetant un coup d’œil alentours, il put en déduire qu’il se trouvait dans un donjon, ou quelque chose de ressemblant. Table de bois, vieux matériel, torches sur les murs, et l’armoire d’où il venait de tomber, tout cela lui évoquait les habituels lieux de missions. Cherchant du regard ce qui pourrait être utilisé comme arme basique, histoire de se protéger, il trouva une vieille épée rouillée derrière un sac de farine.

*C’est toujours mieux que rien.*

L’elfe se rapprocha de l’unique porte de la salle, et l’ouvrit. Passant la tête par l’entrebâillement, il ne vit aucun mouvement, ni à gauche, ni à droite, le calme absolu. Ouvrant entièrement la porte, il sortit dans le couloir, et se dirigea vers ce qu’il voyait au loin être des escaliers, se demandant constamment ce qu’il faisait là.

Ses propres bruits de pas résonnaient entre les murs de pierres, et ces même bruits se stoppèrent lorsque lui-même s’arrêta, devant la première marche de l’escalier. Hésitant quelques secondes, il jeta un dernier coup d’oeil par-dessus son épaule et entama son ascension. Une minute de montée, et c’est encore les mêmes marches qui s’offraient à lui, les escaliers sans fin existeraient-ils ? Non, ce n’est pas possible.

Deux minutes plus tard, l’elfe augmenta sa vitesse, ce n’est plus deux par deux mais quatre par quatre qu’il monta les marches. Cinq minutes plus tard, il s’arrêta, se résignant, il constata avec effroi qu’il venait de se perdre dans un escalier. Hurlant de rage, il frappa d’un coup puissant le sol, se laissant tomber, les marches disparurent. Alors qu’il chutait, il sentit comme une lame lui traverser le ventre, dans un élan de douleur, il se plia en deux, et ferma nerveusement les yeux.

Attendant patiemment que la douleur passe, il descella les paupières quelques minutes plus tard, reconnaissant alors immédiatement la pierre, l’eau, les bois, cela le rassurait. Voulant poser une main sur le rocher pour prendre appui, il oublia la petite à coté de lui, et déposa alors sa main sur le ventre de la gamine. La peau était douce, il se mit à la caresser, lentement. Cela faisait longtemps qu’il n’avait touché un autre corps, féminin de surcroît, il prenait plaisir à balader sa main sur le corps de l’enfant. Des pensées lui traversèrent la tête, pas des meilleures, et, honteux de ce qu’il était en train de s’imaginer, il retira ses doigts brusquement, réveillant par la même occasion la jeune fille qui se mit à le regarder d’un doux regard.

« Hum... excuses-moi, j’avais oublié que tu étais là et quand j’ai voulu me soutenir sur la pierre j’ai--
-Comme tu as l’air bête, tais-toi au lieu de dire n’importe quoi. »

L’air amusé de Lucy rassura l’elfe, il ne l’avait pas blessée, autant physiquement que moralement. La réaction de la gamine le surpris au plus haut point, alors qu’il tentait de remettre de l’ordre dans ses idées, des lèvres au goût de framboises vint embrasser les siennes. Paralysé, il ne savait plus quoi faire, et il lui était impossible de se déplacer d’un seul centimètre. La jeune fille recula, se redressa, et caressa la joue de l’elfe qui était alors encore assis.

« Tu viens, nos affaires doivent être sèches ! »

Il fallut plus de dix minutes à l’elfe pour se relever, il ne savait pas pourquoi, mais le contact de ses lèvres à celles de la petite lui avait laissé un sentiment étrange. Se mouillant le visage, espérant oublier cela, il ne tarda à se rhabiller. Maintenant guidé par la voix de Lucy, et non l’inverse, il s’enfonça dans la forêt, perdu quelque part, il avançait sans le vouloir, comme bercé par un chant de sirène.

Une marche silencieuse, suivant la silhouette de la jeune fille, l’elfe est impuissant, incapable de faire une action de sa propre initiative, que lui arrive-t-il ? Depuis que la petite l’a embrassé, il ne se contrôle plus, qu’est-elle ? Encore et toujours les même pas, encore et toujours la même direction, rien ne change, le cauchemar de l’escalier reprend-t-il ?

Mais la nature ne semble vouloir laisser cette sorte de sortilège se poursuivre, car un troll apparut derrière l’elfe, le danger étant que ce dernier n’avait raison de ses mouvements. Un coup de massue bien placé suffit à ramener l’elfe dans sa tête, esquivant ainsi le deuxième coup, il dut se résoudre à utiliser sa dague, c’était la gamine qui portait son sac.

Un troisième coup dans le vide, le troll avait put profiter d’un élément de surprise, et la chevelure d’Elrohir commençait à se teindre de rouge, de sang. Profitant de la basse position du bras de la créature ennemie, l’elfe sauta sur la massue, puis sur l’épaule du troll, assenant par la même occasion un coup de dague à la nuque. Une seule attaque ne suffit pas, Elrohir fut projeté en arrière, mais put s’accrocher à une branche, se hissant alors sur cette dernière, hors de portée de l’arme de la bête.

De nouveau, il sauta sur l’épaule du troll alors que celui-ci baissa sa garde, et pour la deuxième fois, il enfonça sa dague dans la chair qui servait de cou au monstre. Un cri de douleur, ce dernier commença à se secouer. Tentant le tout pour le tout, Elrohir réussit à lui planter la dague dans l’œil gauche, redoublant ainsi les gesticulations et les cris.

Se servant du dos du blessé comme appui, l’elfe s’éjecta le plus loin possible de celle-ci, s’approchant par la même occasion de la gamine, il fut troublé par son regard. Il pivota pour regarder le troll s’écraser au sol dans un nuage de poussière, puis s’y approcha, une blessure à la tête n’était pas des plus commodes, ainsi Elrohir se vengea sur le corps du troll, il en récupéra la viande, ayant en tête plus de la vendre que de s’en nourrir.

Sentant les yeux de la jeune fille braqués sur lui, il termina sa besogne en silence, et ne se retourna pas, ainsi, quand chose fut faite, tous deux se dirigèrent vers la lisière de la forêt, l’elfe évitant constamment le regard de la petite, troublé par sa simple présence, il réfléchissait.

*Qu'est-ce que je fais maintenant ?*

Le mystère s'épaissit... j'adore !!

Elrohir gagne 7.9 Kg de viande et 100 XPs. Elrohir passe au niveau 3 !

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