[Enregistrement de Rakiroth et Zaeseth]

- M'sieur l'maire ! M'sieur l'maire !

A peine arrivé au château, Tinal d'Abrens, ainsi qu'il se faisait appeler, fut importuné sans vergogne par un petit secrétaire à moustache sautillant à sa rencontre.

- Hum ? * Putain ! Pas moyen d'être tranquille dans ce trou ! * Qu'est-ce qui t'arrive ? Je te préviens, si tu viens me casser les noix sans raison valable, mon premier acte en tant que maire sera de te faire pendre par les bourses sur la place...

Comprenant que sa mauvaise humeur chronique et ses réparties cinglantes et agressives pouvaient heurter la population plutôt pas futée de la petite bourgade, il se reprit et, en souriant à demi, reformula sa phrase :

- Oui, mon bon ami ? Que puis-je pour toi ? Une affaire pressante réclame-t-elle toute mon attention dans les plus brefs délais ?
- Euh... oui. Je crois que c'est ça. En fait, y a deux types qui viennent d'arriver en ville et... je pense que c'est à vous de les accueillir, non ?

* Des nouveaux arrivants ? Déjà ? Bordel, va vraiment falloir que je me grouille de créer ma police de l'immigration, moi.*

- Bien, bien. Je vais les recevoir. C'est par où ?

Le petit bureaucrate mena son noble maire jusqu'au bureau des enregistrements. Là, attendaient deux hommes bizarrement vêtus. Le secrétaire retourna derrière son pupitre, attrapa et défroissa une feuille de parchemin, empoigna son calame, le trempa une ou deux fois dans un encrier en faisant déborder le liquide noir qu'il contenait et déclara en souriant :

- Je suis prêt !

Les trois autres le regardèrent du coin de l'oeil, un tantinet déconcertés par le fait que le petit homme ose penser que son activité puisse les intéresser.

- Oui... c'est super. Hum. Bon. Euh... tout d'abord bienvenue... Oui, je crois que le terme est approprié en une telle situation même si je ne vous cache pas que je n'étais pas préparé à vous recevoir. Vous ou d'autres d'ailleurs, étant donné que je n'ai été élu que très récemment, en plus je ne suis que CO-maire puisqu'il s'est avéré que la population n'est pas parvenu à choisir sans équivoque un vainqueur à l'élection municipale, et que je ne prends mes fonctions que ce matin. Excusez si jamais je tâtonne un peu.

Voyant que son introduction ne semblait pas le moins du monde intéresser les deux hurluberlus, le co-maire alla directement à l'essentiel :

- Bon passons... Veuillez donc, je vous prie, indiquer en langage commun votre nom complet, votre lignée et les possibles surnoms que l'on vous attribue, suivi de votre race et de votre classe actuelle. Vos motivations sont bien évidemment plus que les bienvenues. Si elles sont acceptables, nous pourrons vous accepter en tant que citoyens de Chnafon et vous pourrez bénéficier de nombreux avantages tels que : la carte Chnafonjeun's qui offre des réductions pour les 12-25 ans, la carte de fidélité de la boutique "L'oubliette de Yeruk Stormblade", une enveloppe Chronotroll pré-timbrée à vos nom et adresse ainsi qu'un magnifique collier de fleurs des champs, dès que j'aurai persuadé le conseil municipal de voter tout ceci.

Le nécromant était un poil surpris. Annoncer en public qu'on était incompétent (et non un con pétant), était pour le moins surprenant, mais Rakiroth décida de ne rien laisser paraître de sa surprise. Surtout en présence d'un sorcier noir de Tzinntch qu'il avait facilement repéré. Néanmoins puisqu'il était de rigueur de montrer sa glanditude en public, il en montrerait un peu. Mais un peu seulement. Si on en montrait trop, on gardait une étiquette de gland collé sur le front à tout jamais même en étant niveau 22 avec une Durandil à la main.

Il parla donc en premier. Il pensa parler en menzzorien supérieur rien que pour emmerder le monde, mais se ravisa pour parler en langage commun que même un orc attardé mental comprenait à peu près.

Je me nomme Rakiroth Delaglande, fils d'Elric Delaglande, ménestrel de son état et de Kyla Delaglande née von Drakaïn, sorcière élémentaliste de profession. Je suis connue sous les surnoms suivants :Le Sombre (pour la compagnie d'aventuriers), Glandu (au nord de la terre de Fangh) ou Ducon (au sud), oou encore Maître (de la part des inférieurs lâches et serviles)

Il fit une trèèèès légère pause se rendant compte qu'il venait typiquement de se traiter de glandu. Mais bon tant pis. Quand il serait niveau 50 on le respecterait peut-être.

*Quel naze je fais... déclamer que je suis un gland en présence d'un sorcier de Tzinntch. J'ai pas fini d'en chier.*

Je suis mage nécromancien humain et aventurier. Je suis venu m'établir ici afin d'avoir un pied à terre discret qui me permettra d'éviter d'avoir tous les maîtres de donjon furax au derrière. De plus, je pense aussi à bâtir une bibliothèque quand j'aurai pris ma retraite d'aventurier. La culture peut toujours servir. Par exemple les ogres sont parfois poètes, ils font la cuisine et les papiers peints, mais qui le sait de nos jours hein ?

Prenant conscience que la majorité des gens n'en avaient rien à foutre des moeurs des ogres, il s'interrompit de peur de lasser son auditoire.

L’homme qui était venu les accueillir était vraiment étrange dans son rôle de maire…pour ne pas dire incompétent, mais au moins il avait le mérite d’avouer ses défauts, bien que la manière de les annoncer soit très peu délicate. Etrange parce que débiter une introduction pour le moins inintéressante ne paraissait pas le gêner plus que ça, d’autant plus que sa tentative de rattrapage n’était pas plus efficace. Sérieusement, qu’est-ce qu’on en avait à faire des différents projets de la ville même pas encore votés, comme l’inutile passe Chnafonjeun’s quand on avait 50 ans. Il correspondait plus au rôle de commère que de co-maire…

En parlant de ça, l’idée que les citoyens de cette bourgade paumée aient pu élire un co-maire tel que cet étrange personnage inquiétait vraiment Zaeseth. Décidemment, ces campagnards avaient vraiment une araignée au plafond, peut-être même une mygale vu la gravité de l’acte.

Et puis l’autre voyageur, Rakiroth Delaglande, était vraiment stupide ou quoi ? Annoncer sans gênes devant leur hôte que ses surnoms étaient Glandu et Ducon. Sans doute voulait-il se couvrir intentionnellement de honte en honneur d’une coutume de sa région… Son projet de bibliothèque ne verrait sans doute jamais le jour, ce nécromancien mourra sans doute bien avant sa retraite. En fait, cet aventurier portait étonnamment bien son nom : Delaglande. Même niveau 50 avec une Durandil à la main, on ne le respecterait sans doute pas. De toute façon, si cette homme arrivait à faire ses preuves, il deviendrait un compagnon fort acceptable, un nécromancien est toujours utile.

Enfin, constatant que son pseudo-camarade avait fini, il enchaîna :

-Quant à moi, je me nomme Zaeseth Helimond, fils d’Isándil Helimond, un maître sorcier de Tzinntch et de Caluwen Helimond, né Thriodith, elle aussi grande sorcière de Tzinntch. Même si mes surnoms ne sont pas aussi représentatifs que ceux de mon camarade, comme Ducon ou Glandu, je vais vous en fournir puisque vous y tenez : l'impur, de la part des stupides haut-elfes et elfes sylvains ou le perverti de la part de tous les abrutis en général.

Zaeseth avait tourné la tête vers le nécromant quand ses surnoms furent évoqués, tout en gardant bien sûr un petit sourire en coin.

-Comme vous l’aurez sans doute deviné, je suis dévoué à l’exercice de la noble magie de Tzinntch, au rang d’Initié, pour l’instant. Je viens m’établir içi –le sorcier eut envie de dire «dans ce bled paumé », mais il se retint- afin d’agrandir ma connaissance en magie en parcourant la Terre de Fangh. La citoyenneté dans cette ville me permettra de me poser après de difficiles quêtes ou autres mésaventures.

Son petit exposé forcé étant terminé, Zaeseth se tourna vers le co-maire, attendant une réaction.

N'écoutant que d'une oreille distraite les deux énergumènes déballer leur état civil sans intérêt, Tinal d'Abrens arpentait la pièce de long en large en pouffant bêtement à l'énoncé des noms et des surnoms de chacun d'eux. Le scribouillard, quant à lui, notait scrupuleusement toutes les informations concernant les nouveaux arrivants.

- D-U-C-O-N...

Irrité par tant de lenteur administrative, le maire s'emporta contre son secrétaire sous le regard dépité des deux mages :

- Mais vous allez vous grouiller, oui ?! J'ai pas toute la journée, moi. Je bosse, je tiens pas un stand de crêpes...
- Oui, oui, messire, je fais au plus vite mais j'ai toujours eu du mal à écrire en gothique.
- Que quoi ? Vous allez pas me dire que vous êtes en train de tout ratifier en gothique avec des lettrines de deux pouces de haut, des arabesques et des angelots partout ?!
- Et bien, c'est-à-dire que... c'est la règle. Votre prédécesseur, paix à son âme, adorait ce style d'écriture et avait imposé que tous les documents administratifs soient écrits de la sorte.
- Mais c'est pas possible d'entendre ça ! Magnez-vous bon dieu ! Prenez tout en script tout tordu dans un coin de votre feuille et vous recopierez plus tard. Je vous dis que je suis pressé !

Ne cachant pas son agacement provoqué par l'incompétence et la bêtise de son secrétaire, le co-maire s'adressa de nouveau à Rakiroth et Zaeseth.

- Bon, les zigotos, j'ai pigé que vous étiez magiciens et tout le tintouin, et j'aime pas trop beaucoup ça. Alors je vous préviens : si vous foutez le bordel dans ma ville, je vous vire à coups de pompes dans le train c'est clair ?
Maintenant que vous êtes enregistrés, messieurs Rat qui rôte et Zézette, Tinal d'Abrens eut beaucoup de mal à s'empêcher d'éclater de rire en prononçant les noms des nouveaux arrivants et dut faire une petite pause pour retrouver son sérieux...
Si vous voulez aller à l'université, une chariote part à la mi-journée.
Si vous voulez vous balader en ville et faire quelques achats, tenez-vous à carreau.
Si vous voulez vous rendre utiles et vous attirer la sympathie des habitants, y a des gobelins à la con qui squattent le moulin communal et rackettent mes concitoyens. On n'arrive pas à les déloger et c'est chiant.
Enfin, la citoyenneté n'étant pas gratuite, vous voudrez bien me donner 10 PO chacun avant de partir.

Il finit son intervention en tendant la main vers les deux hommes, le sourire aux lèvres.

En plus d’être incompétent, ce co-maire devenait un escroc. A quoi pouvait bien servir ces 10 pièces d’or ? A financer un projet bidon ou à refaire la décoration du salon de la résidence personnel de cet homme ? Mais bon, Zaeseth ne tenait pas à faire d’embrouilles dès ses premières minutes à Chnafon, ainsi il sortit le petit pécule de sa bourse en cuir accrochée à sa ceinture, puis le versa dans la main ouverte du co-maire. Son petit sourire en coin, le sorcier l’aurait bien effacé. Décidemment, il y a vraiment des gifles de Namzar qui se perdent.

Cela fait, il attendra tranquillement que le nécromant donne sa part et que le maire fasse sans doute un petit speech de départ à la noix, du genre :

-Merci d’être de gentils pigeons avec les poches bien remplies.

Son histoire de gobelin l’intéressait, Zaeseth avait hâte de tester ses sorts en situation réelle. Du coup, le sorcier attendrait que les deux hommes sortent du château pour proposer au nécromancien de faire cette quête avec lui, histoire que les habitants voient d’un bon œil l’arrivée des deux nouveaux. Le mage noir n’oserait pas le dire, par orgueil, mais il comptait aussi sur le fait qu’ainsi, cette mission serait plus facile.

Le nécromant bouillait de rage contenue. Ces misérables incultes se fichaient littéralement de sa poire ! En même temps, il l'avait un poil cherché avec sa glanditude moralité : bien fait pour sa tronche.

*Psst ! La voix off n'en rajoute pas merci ! Sinon tu vas déguster.*

Hum bref. Il se força donc au calme en imaginant une horde de zombies dévorant la cervelle de ceux qui en avaient, et en pratiquant un exercice de base d'une vieille discipline magique appelée Mes Dix Tas Scions. Quand on lui annonça qu'il fallait raquer 10 pièces d'or, il faillit avoir une attaque.

10 pièces d'or ? Par les tentacules de Gzor, même les nains sont moins rapiats !

Mais il n'avait hélas pas le choix. Il sortit donc le montant indiqué de sa bourse (non pas de ses parties intimes chers auditeurs mais du truc en cuir qui contient des pièces), et le déposa sur le bureau avec un soupir. Il s'était inscrit à l'université, par conséquent les gobelins attendraient un poil, à moins que ceux ci ne viennent lui casser les noix.

Etant attendu à l'université, je prendrai donc la charrette qui y va. Mais dix pièces d'or souvenez vous bien que ça fait cher...

Au moins Rakiroth avait le mérite de dire tout haut ce que le mage noir avait pensé tout bas afin d'éviter les problèmes. Si le nécromant allait être sanctionné pour ses paroles pour "outrage à fonctionnaire durant l'exercice de ses fonctions", il l'aurait bien mérité.

De plus, ce homme se rendait à l'école de magie, il a vraiment du temps à perdre celui-là. Pff, l'université de magie, juste un groupe de vieux timbrés se prétendant d'une quelconque nécessité pour les nouveaux venus. La professeur qui enseignait là-bas était, à ce que Zaeseth avait entendu sous forme de potins, une vieille excentrique qui parlait à un de ses meubles qu'elle avait appelée "Archie". C'est sûr que cette archimage semblait archi-stupide.

Allons bon, le jeune Helimond (du moins en apparence, puisque pour un elfe, on est jeune jusqu'à plus de 100 ans) devrait s'occuper seul de ces gobelins squatteur. Ces créatures salles, écœurantes, visqueuses, répugnantes (hé bé, des gobelins quoi !) verraient dans peu de temps l'effet d'un sortilège lancé par un adepte du Sanctuaire Magnifique de Tziintch. Le maire venait de dépouiller le sorcier de dix précieuses pièces d'or. Ainsi, le mage ne lui laisserait pas le bonheur d'avoir le dernier mot par un petit discours de fin vantant leur pigeonnisme.

- Bon, je constate donc que la milice de cette bourgade, comment dire, rurale, n'est même pas capable de s'occuper de simples gobelins. Je vais donc de ce pas m'occuper de ce petit soucis, histoire que vous ayez moins l'air insolent envers moi.

Sur ce, Zaeseth quitta la pièce, puis le bâtiment de l'administration connu sous le nom de "château du maire". En déambulant à travers les rues de la ville, il se renseignerait à propos du moulin squatté, si besoin auprès de la garde. Cela afin de trouver rapidement le bâtiment en question.

[HRP: Je laisse au MJ le soin de créer le sujet au bon endroit et de faire une description des lieux et de la situation]

Le maire afficha un sourire de satisfaction en voyant les deux nouveaux citoyens de sa bourgade s'acquitter sans (trop) rouspéter de la "taxe de bienvenue", comme il se dit qu'il allait la nommer désormais.

- Bon, les formalités administratives étant terminées, je ne vous retiens pas plus longtemps... La chariote attend les passagers à l'entrée de la ville et pour le moulin vous vous débrouillerez bien pour le trouver, y en a qu'un.

Tinal d'Abrens, le soi-même nommé, tourna le dos à Rakiroth et Zaeseth pour s'en prendre à son secrétaire histoire de passer ses nerfs.

- Alors vous, mon p'tit père, vous allez me faire le plaisir d'arrêter de tout ratifier dans des polices à la con ! Je vous donne l'ordre d'écrire normalement et bien gros pour qu'on puisse lire sans se crever les yeux !
- M-mais Monsieur le...
- Non, non. Taisez-vous. Je ne veux plus vous entendre, coupa-t-il, interrompant l'impertinent scribouillard, Fermez-la et cassez-vous.

Puis s'adressant une dernière fois à ses nouveaux administrés, il leur cria alors qu'ils étaient sur le pas de la porte :

- Ah, j'allais oublier : Bienvenue à Chnafon, messieurs !

[HRP]@Rakiroth : Tu peux poster à l'université quand tu veux pour démarrer ta formation.
@Zaeseth : Rendez-vous ici pour la suite : Les gobelins squatteurs de moulin[/HRP]

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