Tiens bon la vague et tiens bon le... la [chasse au trésor].

Les longs doigts du soleil filtraient à travers la voile parcheminée de la frégate dont il était le passager depuis Glargh. Le voyage depuis s'était déroulé sans heurts, heurts-eusement. Au départ du port de la ville, Gwennaall avait pris une bouteille de whisky, s'attirant les regards mécontents de l'équipage. Il l'avait ensuite attachée à une corde et l'avait projetée contre la coque du bateau pour le rebaptiser : "L'Héritage".

Fier de lui et non moins content, il avait pris les commandes et la barre, s'octroyant le grade de capitaine. Personne ne dit rien à ce moment. L'équipage avait sorti les avirons, et les faisant claquer contre l'eau, avait descendu le fleuve en l'accompagnant de son courant (bah oui, si vous voulez remonter le fleuve, il faut retourner la carte de la terre de Fangh).

"Alors, on va chercher une relique, je vous l'ai déjà dit, non ?
-Nooon... répondit l'équipage d'une voix morne.
-Bon bah, voila, vous êtes prévenus..."

Battant l'eau de la mer à un rythme frénétique ayant pour effet d'accélérer la course du navire, les hommes de l'équipage tenaient le coup.

Mécontent, le Nain grommela :

"Rah, je suis quand même plus à l'aise sur le plancher des vaches..."

Le bateau qui tanguait donnait vaguement à Gwennaall l'envie de donner à manger aux mouettes. Il prit une bouteille et en vida la moitié, offrant la seconde à son second, qui le remercia. En quelques secondes, la bouteille fut vide.

Derrière, un bateau pirate les poursuivait. Le nain héla ses compagnons d'armes.

"Hélà ! On nous poursuit ! Préparez les harpons ! Les balistes tribord ! Et que ça saute ! On va les prendre à revers !"

C'est ainsi qu'une activité frénétique envahit le bateau. Les rameurs firent pivoter la frégate sur elle-même tandis que les balistes tribord étaient chargées. Les pirates s'approchèrent à tribord de la frégate, tandis que l'abordage commençait, que les épées se tiraient...

Une bataille, une vraie bataille. Cela faisait longtemps qu'il n'en avait pas vu une ou même participé... Un effroyable massacre se mit en place. Les traits des balistes fusèrent du côté tribord, alors que les pirates se mettaient à l'abri en dessous des planches pour éviter la mort.

Les Nains étaient prêts. Leurs armures brillaient dans le soleil chaud du prochain été et leurs lames coupantes battaient leurs flancs dans des fourreaux de cuir. Les sens exacerbés, il entendit, vit, perçut. Des claquements. Les pirates attaquaient ! Un soudain "A l'abordage !" le fit bondir, et il cria à ses hommes :

"Allez on se prépare ! Protégez l'équipage, et les hommes les plus forts derrière les balistes ! Envoyez-moi cette casserole par le fond !"

D'un air sombre et entendu, les Nains se regardèrent comme pour se mettre d'accord. Des prisonniers, mais pas de quartier. Des cris fusèrent et des cordes s'enroulèrent autour du bastingage tandis qu'une baliste au trait enflammé détruisait le mât du navire adverse, provoquant la mort de trois pauvres pirates qui étaient restés dessous.

"Allez, déjà trois de moins ! Montrez-leur ce que l'Héritage peut leur faire, et de quoi on est capables !"

Un cri de joie parcourut les lignes naines. Ils prirent tous leurs lames pour trancher d'un même geste les cordes qui reliaient l'Héritage au bâtiment pirate. Quelques flibustiers tombèrent et coulèrent, mais d'autres s'agrippèrent au bateau grâce aux petites imperfections de la coque.

Trempés et salés, les survivants au mental et à la détermination sans précédent se heurtèrent à un mur d'acier et de fer ainsi qu'un peu de mithril au milieu. Les Nains s'étaient regroupés à tribord pour former un mur impénétrable, incassable par des flèches. Le sang coula à flots quand, avec coordination, les nains transpercèrent les cœurs des pirates restants.

Désormais sans équipage, le navire pirate allait errer sur la mer. Malheureusement, le capitaine était toujours là. Gwennaall désigna trois de ses meilleurs guerriers et leur commanda de prendre des cordes pour monter sur le bâtiment adverse et en égorger le capitaine.

La nausée parcourut le corps entier de Gwennaall quand il se retrouva au dessus du vide, sans rien d'autre pour le retenir qu'une corde naine, certes solide. Quand il posa le pied sur le navire, il fut parcouru d'un frisson. Le capitaine les attendait, tous les quatre. L'homme goguenard à la casquette bleue les regardait. Il n'avait pas peur d'eux apparemment.

Gwennaall s'avança et de sa hache, pas de son épée, trancha simplement la tête du "malheureux" pirate qui avait osé s'attaquer à eux.

"Mouarf, il faudra mieux que ça pour me faire peur... des pertes ? demanda-t-il aux autres nains.
-Non, en fait, notre tactique était parfaite, et eux désorganisés... Non, rien à dire, nous n'avons pas eu de pertes...
-Parfait alors !" conclut le nain en beauté.

Il fit ensuite un petit tour des cabines avant d'apercevoir un coffre protégé par magie noire, avec un parchemin, sur lequel était écrit :

"Seul le capitaine du bateau possède le code..."

"Eh merde... On s'est fait rouler..."

Et c'est ainsi qu'il refit le chemin aérien en sens inverse, vu que le pont portatif menaçait de craquer. Un nain avait pris le corps sans vie du capitaine et Gwennaall avait gardé la cassette...

Dans sa sombre cabine, Gwennaall ruminait de sombres pensées. Le coffre qu'il avait volé au capitaine pirate ne lui avait rien donné. Apparemment, il était, comme il l'avait aperçu, protégé par un puissant sort de magie noire. Tout objet tentant de forcer la serrure était immédiatement fondu.

Le Nain n'avait rien tenté avec son épée... "Beaucoup trop précieuse"... En effet, le coffre ne s'ouvrait que si on prononçait à haute voix le code secret que le capitaine devait avoir sur lui. Ou peut-être simplement devait-il l'avoir appris par cœur. Toujours était-il que le Nain ne possédait pas le code. Il réfléchissait donc à un moyen d'ouvrir le coffre.

Il l'avait jeté sur le sol, fracassé contre des murs, frappé avec diverses armes, mais rien n'y faisait, ce petit coffre d'aspect miteux était en réalité une forteresse minuscule.

"Bon, ça va pas se passer comme ça, réfléchissons !"

Il s'assit lentement sur le gros fauteuil de cuir qui se trouvait dans sa cabine. Il ferma lentement les yeux pour réfléchir, et sans y prendre garde, s'endormit.

Réveillé par des bruits étranges venant du coffre, il ouvrit les yeux très grand, voyant son butin se promener dans sa cabine. Sans réfléchir, il se jeta dessus et le manqua de justesse. D'un mouvement bref du bras, il saisit le coffre.

"Ouh, toi, tu vas pas m'énerver longtemps !"

Il examina longuement la serrure, qui était en fait un cadenas incrusté dans le bois. Des joyaux l'entouraient, ce qui pouvait donner au coffre une certaine valeur.

Désespéré de n'avoir rien trouvé, le Nain sortit. Il appela son second, et demanda à voir le capitaine décapité. Sur sa tête, seule, était figé un sourire narquois.

"Regardez ! hurla Gwennaall, il me nargue !"

On l'emmena loin de ce corps qui, visiblement, le rendait fou. En revanche, il avait quand même raison quant au sourire du capitaine.

Toute la soirée durant, et jusqu'au petit matin, le Nain s'énerva sur la serrure du coffre. C'est seulement quand il décida de jeter un mauvais sort sur la serrure qu'elle gémit. Elle était vivante ! Le cadenas se mouvait au rythme de petits poumons. Les joyaux étaient en fait ses réserves de richesse, qui lui permettaient de rester fermés.

"Ahah ! J'ai trouvé ta faiblesse, petit monstre !"

En hurlant ainsi, il arracha tous les joyaux, permettant au petit mécanisme de s'ouvrir et de répandre de la lumière dans toute la cabine grâce à l'objet contenu dans le coffre pour lequel Gwennaall n'avait que de l'admiration.

"Je vais faire plaisir à Dalnor..."

Gwennaall sortit en trombe de sa cabine, en hurlant :

"TOUTES VOILES DEHORS ! CAP VERS VALTORDU ! TOUT LE MONDE SUR LE PONT ! ON EST EN MOUVEMENT, ET QUE ÇA SAUTE BANDE DE MOULES !"

Il continua sans hurler pour répondre au regard interrogateur de son second :

"C'est juste pour vous faire avancer un peu plus vite hein, mais 'faut pas s'inquiéter, y'a rien de grave !"

Puis il alla voir le capitaine pirate, sous le regard, cette fois plutôt inquiet, de son second. La tête ne souriait plus, bien au contraire. Un rictus de haine tordait ses traits. On avait violé son coffre le plus précieux... Un nouvel artefact Nain !

Et le bateau s'envola sur les flots pour prendre la direction de Valtordu.

Gwennaall le Nain trouve également 22 pièces d'or dans le double fond du coffre, et gagne lors du combat 45 ixpés bien mérités.

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