Lentement, les trois compagnons marchaient. Fatenia, Soul Life au cou, Soul End à
la main. Il l’avait plus de but,
la bibliothèque qui ouvrait d’habitude ses rayons pour laisser apparaître un nouveau récit et donner une quête à l’elfe ne faisait que se taire en ce moment. Et sans une épopée d’un chevalier sans peurs et sans reproches, qui allait devenir sa proie ? Qui ? Personne. Les innocents.
Massacrant sans hésitations ni pitié les moindres individus vivants, hommes, femmes, riches, pauvres, faune, flore, tristes, joyeux. Tous. Et ils acceptaient leur sort en silence. Kornettoh les prenait, gisant sur le sol, sans sacrifice, mais ne s’en offensait pas, il avait de
la mort qui l’abreuvait. Et ils mourraient en silence, surpris et sans défenses, puis tombaient lourdement sur le sol dans un faible gémissement.
Averti du carnage qui se déroulait près de Waldorg, un courageux gaillard se dit qu’il se devait de protéger ceux qui le nourrissaient, les paysans, et ceux qui lui fournissaient du plaisir, les femmes. S’élançant sur un destrier loué pour l’occasion, il suivait le rythme du galop mené par des sabots qui frappaient
la terre du sentier en laissant derrière eux un long nuage de poussière marron. Des cadavres le menaient jusqu’à sa proie, et rendaient sa haine de plus en plus grande.
De son côté, le paladin avançait,
la tête droite et les bras ballant, d’un pas lourd et sans motivation. Il attendait quelquechose, mais il ne savait quoi, et il n’était même pas persuadé de sa venue. C’était terrible, jamais il n’avait vécu ça, son âme ne trouvait plus de bonheur, même en semant
la mort sur son chemin. Au loin, un cheval hennissait, plus tard, il le rattraperait, plus tard, il le dépasserait. Et plus tard vint.
Fier comme un guerrier poireau préparant un grand pot-au-feu, le poursuivant fit s’arrêter sa monture quelques mètres après sa proie. Il descendit, dégaina son épée et
la pointa vers son adversaire en l’invectivant avec des noms d’oiseaux et des reproches non dissimulés. Le concerné continuait de marcher, ignorant l’épée qui se pointait vers son front. Quand il fut dans
la portée de celui qui le défiait en duel, il leva le bras et para le coup qui ne tarda pas à venir.
La vibration du choc désarma le plus faible, qui pourtant était le plus motivé. Sans efforts, l’elfe dépassait sa proie, d’un tour de poignet il aida Soul End à glisser et à décrire un cercle meurtrier. Fatenia continua de marcher, et derrière lui se passait un spectacle qui l’aurait extasié il y a quelques semaines.
Toujours debout, le brave homme vit du sang gicler de sa jugulaire comme le vin d’un tonneau, au début par à coup puis continuellement. Il mourait. Il le savait. Il voyait
la faux se dresser devant lui, il voyait
la vie
la rejoindre pour s’y empaler. Il voyait, mais ne pouvait rien faire, il était le spectateur du spectacle craint de tous, mais aussi l’acteur. Derrière lui, des naseaux lui poussèrent gentiment les jambes qui ne purent supporter
la pression. Les genoux cognèrent le sol, heurtant les cailloux. L’air hébété, l’homme vivait au ralenti ce qui était ses derniers instants. Il vit en dernier
la terre se rapprocher de son visage, son percuter
la surface dans un craquement douloureux, puis ce fut
la fin tant attendue. Un homme de plus baignait
la route avec un rouge écarlate rapidement absorbé puis assombrit. L’art et éphémère, mais qui s’en soucie quand personne n’est là pour le voir et l’apprécier ?
Fatenia continuait sa route, mais était-ce encore celle des Terres de Fangh ? Il ne reconnaissait plus rien et s’en moquait.
L’air se condensait,
la respiration des promeneurs sans but n’était que très lente et saccadée, leur demandant même de
la concentration. C’était comme un brouillard intense ne laissant guère plus de trente centimètres de vue, ce qui empêchait de savoir là où l’on mettait les pieds, mais cette brume épaisse était sèche et immobile, contrairement à ce à quoi l’on aurait pu s’attendre. Mais ceux qui marchaient n’en avaient cure, tous les trois étaient moroses.
Une voix d’outre-tombe retentit, lourde, grave et caverneuse, laissant facilement cerné
la colère et
la frustration.
« Fatenia, moi, Kornettoh, en ai marre de ton attitude. Autrefois tu tuais en pensant à moi, tu rendais les morts plus belles par différents moyens imaginatifs, mais voilà trois mois que je ne te vois plus que marcher sans but et ne te nourrissant que des âmes que tu devrais m’offrir. Quand tu es rassasié je peux avoir celles qui suivent. Ça ne va pas. J’attends plus de toi, maintenant. Je n’ai plus de légendes à te fournir car même si elles sont nombreuses, je ne dois les utiliser que pour récupérer quand je suis affaibli. Je me justifie, pour toi, simple mortel, parce que tu m’as offert de très beaux corps avec efficacité, mais ne te crois pas supérieur à moi. Tu vas disparaître, et réfléchis à ce que tu fais. C’est ta punition. Tu aurais mérité
la mort. Maintenant marche et réfléchis. Quand tu verras l’orbe de glace, assieds toi et prie pour moi. Ensuite tu resteras assis et tu attendras d’être prêt, à nouveau. »
Puis,
la voix partit et quelques murmures se laissèrent porter à l’oreille de l’elfe.
« Potarum emergat labor, et qui nostra nobilis. »
Seul le trio chasseur d’âme pouvait comprendre.
Il obéirait.
L’orbe de glace apparut.
Il s’assit.
Il pria.
Le temps commença à s’écouler.
Il partait.
Il était parti.
Il était loin.
Un chant retentissait, doux et calme, dans sa tête.
Les hommes tombent,
Remplissent les tombes,
Étalent leur sang,
Remplissent les étangs.
Il faut apprécier,
Ce que l’on veut donner,
Supprimer la peur,
Au profit du malheur.
Ne pas décimer,
Les familles brisées,
Devenir l’agent,
Donnant malheur aux gens.
Tous les êtres vivants,
Affrontant le vent,
Verront se terminer,
Leur lutte acharnée.
En rapprochant leur heure,
Arrachant leur cœur,
Offrant avec bonté,
Le goût de l’acier.
Pour Kornettoh le grand,
Donne tout ton temps,
Remplis les catacombes,
Pour une vie longue. La chanson recommencerait, encore et encore, mais celui qui devait l’entendre l’écoutera-t-elle ? Peut être, peut être pas, s’il réfléchissait, peut être, peut être pas, il ne sait pas, personne ne sait.
La longue litanie des mots qui coulent à flot continue, telle une cascade que le gel ne parvient pas à stopper.
[ Non, je ne vais pas me suicider, mais je viens d’avoir internet depuis ma reprise, j’ai écrit ce texte à
la fin de mon premier jour où j’ai raté les cours à cause d’inscriptions et autres conneries de ce genre ^^ Je vous passe le bonjour par ce récit sans intérêt si ce n’est expliquer pourquoi Fatenia va disparaître de
la circulation jusqu’à être prêt. C’est à dire quand mon année se terminera, sen priant le ciel pour que ce soit après les seconds partiels :p Bonne année à vous tous, et à dans 8 mois !
Ah, et pour les dernières lignes, je sais qu’elles sont mises bout à bout, ce n’est pas pour
la longueur, car vous l’avez j’espère compris je me moque un peu de l’xp, si ce n’est qu’elle me permet pour le moment de ne pas avoir à m’incliner devant Pli et Ivanov et leur tenir tête pour les provocations :p Et ensuite
la “poésie”, soyez tolérants, je suis vraiment mauvais à ça et j’ai donc tenté de tout mettre dans
la forme, j’espère que vous noterez
la symétrie et l’alternation du 6 et du 5…. *se morfond sur le manque évident de qualité du travail* ]
Edit :
https://naheulbeuk.forumsrpg.com/le-marecage-de-l-eternel-agonie-f15/foret-de-boisnu-rencontre-avec-ivanov-t1320.htm ==>
La fin de l'isolement.